La Bête à Bon Dieu
La Planete écologie entre conservatisme et progressisme
lundi 7 décembre 2009, par Richard Bennahmias

La présentation sur internet des ONG du Grenelle de l’environnement offre un panorama contrasté de la planète écologie. Entre conservatisme et progressisme, ce qui se cherche dans les débats encours, c’est un débouché à l’impasse dans laquelle le progrès technoscientifique conduit notre humanité.
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Les menaces écologiques qui pèsent sur notre planète contribuent souvent à la dévalorisation du progrès et suscitent plus d’angoisse et de désespoir que de volonté d’agir. À l’opposé, les présentations des mouvements écologiques français sont propres à susciter un peu plus d’optimisme à l’égard du progrès et de la contribution de l’écologie à sa poursuite.

Préserver et conserver

D’un coté, largement majoritaires sont les organisations qui se font l’écho d’une prise de conscience : les ressources sur l’exploitation desquelles le développement était jusqu’à présent fondé sont limitées et leur exploitation porte atteinte aux équilibres dont dépend la poursuite de la vie sur la planète.

À la lecture de leurs professions de foi, on peut parler d’une approche patrimoniale et conservatrice de l’environnement, de la nature et plus généralement de l’univers. Il s’agit de préserver un « patrimoine » immuable des agressions d’origine humaine (scientifiques, technologiques et économiques) qui menacent son intégrité.

Cette perspective n’est pas sans fondement scientifique, puisqu’il s’agit de celle de l’univers dont Lavoisier emprunte la définition à Anaxagore : « Rien ne s’y perd, rien ne s’y crée, mais tout s’y transforme » … transformation que les principes de la thermodynamique soumettent hélas à une inéluctable entropie, processus naturel d’usure que les progrès technoscientifiques des deux derniers siècles n’ont fait qu’accélérer.

Développer et progresser

De l’autre coté, une nébuleuse d’organisations à objectifs scientifiques, techniques ou économiques tente d’esquisser une poursuite du progrès, de la croissance et du développement, en insistant sur leur caractère « durable ».

Elles reconnaissent ainsi que les modes antérieurs de développement aboutissent à une précarisation des écosystèmes. Mais elles attendent des sciences et des techniques que, non contentes de révéler les menaces et les atteintes qu’ils subissent, elles y apportent des solutions.

Pour « durer », on cherche à tirer le meilleur parti des ressources disponibles : les non renouvelables par le re-cyclage, les renouvelables par l’amélioration des rendements des système susceptibles de les capter.

Cette approche développementaliste et progressiste se situe dans un univers en évolution, en extension et en diversification constantes, où l’entropie est compensée par une capacité d’auto-organisation interne, dont témoigne l’émergence de la vie, et où la principale ressource renouvelable, c’est le genre humain, son intelligence, son travail et ses capacités d’auto-organisation.

Un saut qualitatif du progrès humain

L’exemple du climat est à cet égard non seulement parlant, mais généralisable. Pendant toute sa préhistoire, les épisodes de glaciation et de réchauffement que l’humanité a eu à subir ont contribué à la modeler sans qu’elle y soit pour rien. Puis le genre humain a progressivement construit une tradition, puis une science, de l’observation et de la prévision climatiques.

Aujourd’hui, nous sommes capables non seulement d’anticiper sur une modification à long terme et à grande échelle du climat, mais nous tentons de mettre en place un processus de contrôle.

Qu’elle se situe du coté de la préservation ou du coté du développement, il s’agit avec l’écologie d’accroître les capacités de contrôle de l’humanité sur son environnement global. C’est là un saut qualitatif considérable du progrès humain qui nous fait franchir un nouveau seuil de la dépendance vers la maîtrise. Cela devrait nous tirer de notre sidération devant les catastrophes annoncées et nous inviter à l’action.